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Photo du rédacteurBaptiste Locatelli

Calanques - Une revue de quelques classiques

Dimanche 21 mars, fin de la saison d'hiver et d'encadrement en ski de randonnée, il était temps de mettre les voiles vers d'autres horizons. Et quoi de mieux que le sud, les Calanques, pour fêter l'arrivée du Printemps, et profiter de ce premier week-end de libre depuis le mois de Décembre ? Les couleurs sont les mêmes mais le décors change. Blanc sur fond bleu : neige poudreuse se détachant sur le ciel, ou calcaire ivoire au-dessus de la mer.


Découvrez les fiches itinéraires en bas de l'article.


Voies faciles dans le 4-5, passages de brèches, rappels : ce petit sommet permet de réviser tout l'éventail des techniques alpines.

Nos premiers pas de ces trois jours nous mènent vers la Calanque d'En Vau, en traversant Port-Miou et Port-Pin depuis la presqu'île de Cassis. Odeurs de pins, de plantes aromatiques, bruit des vagues et horizon marin : nous avons bien changé de région !

Après 40mn de marche, nous atteignons le haut de la Calanque dont nous gagnons le fond par un sentier raide et rocheux. Plus que calanque, elle est presque canyon : de hauts murs de calcaires, tours et crêtes culminent de part et d'autre, ne laissant qu'une simple route forestière sinuer à leurs pieds jusqu'à déboucher à la mer.

Juste avant d'arriver sur la plage, le sentier contourne un petit sommet rocheux de 40m : c'est la Petite Aiguille. Adossée à elle, une arête évidente remonte vers le plateau, c'est la voie Saphir.

Depuis une centaine d'année, le jeu consiste ici à s'initier à l'escalade et à l'alpinisme pour les clubs Marseillais. Voies faciles dans le 4-5, passages de brèches, rappels : ce petit sommet permet de réviser tout l'éventail des techniques alpines.

Quelques voies d'une longueur sont à proximité, nous en profitons pour les grimper, dans des niveaux 5c-7b. Gare à la patine ! Il y a du monde qui passe.

Nous conseillons particulièrement trois voies qui semblent peu parcourues, rive gauche de la Calanque à la dalle du Chat : 6b - 6b+ - 5c, trois longues voies sur du rocher sain, à la cotation bien sévère. L'enchainement Petite Aiguille - Voie Saphir a tout d'une arête rocheuse en montagne, et en faisant abstraction du décors, on s'y croirait ! L'ascension de la petite Aiguille et suivie d'un rappel, qui conduit à une petite brèche (accessible à pied) d'où commence l'escalade. Quelques pas de dalle, puis les brefs ressauts verticaux alternent avec des passages sur le fil, plus à plat. On bute alors au pied d'un pilier de calcaire, que trois longueurs suffisent à gravir sans trop de difficultés. Quasiment au sommet, on peut alors s'amuser à suivre le fil ou une sente en contrebas, pour sortir la voie : une mini course rocheuse !

Sortir de la calanque d'En Vau par la voie Saphir est une manière très élégante de rentrer, en évitant la remontée par le sentier. Si elle ne croise pas trop de monde, une cordée efficace n'y perdra en plus pas trop de temps... ;)


Un condensé d'alpinisme riche en sensations, face à la mer

Le lendemain, nous partons pour une randonnée insolite qui nous a été suggérée : le tour du bec de l'Aigle à La Ciotat. Petit interlude dans ce weekend d'escalade, cet itinéraire est un savant mélange de randonnée, grimpe, course rocher facile, rendant très difficile sa classification dans l'une des trois catégories ! C'est en tout cas assurément un parcours à ne rater sous aucun prétexte, qui permet à la peau des doigts un peu trop usée et fatiguée de trouver un repos temporaire. L'accès au départ est déjà a lui seul insolite, amusant et décalé : nous remontons avec corde, baudriers et casques les allées du parc du Muguel, au milieu des habitants de la Ciotat venus promener leur chien, jouer avec les enfants. Sous leurs regards intrigués, nous nous équipons sur une terrasse face à la mer, franchissons le muret qui nous sépare de la descente vers les flots.

Ici, le calcaire blanc a laissé la place à un pudding compact : de gros galets cimentés naturellement, qui offrent autant de prises de pieds et de mains. Le travail de l'érosion par la mer est néanmoins bien visible : parfois, de grosses cavernes ont été creusées, laissant des trous béants avec des surplombs marqués, dont la solidité a de quoi interroger. C'est justement par ces surplombs que commence le tour : il faut les franchir en rappel, grâce à des relais chaînés qui semblent encore miraculeusement tenir dans ce rocher étrange. Une fois au raz de l'eau, la traversée commence, jamais trop haut. Des points régulièrement espacés permettent de protéger la progression, en corde tendue ou de relais à relais au début, selon l'aisance. Bien que l'instinct alpin voudrait nous faire monter pour parfois franchir des passages semblant difficiles en passant par le haut, il faut bien s'en garder ! Ces itinéraires sont sans issues, et impossibles à protéger. En longeant la mer à maximum 4m de hauteur, on trouve régulièrement des scellements permettant de protéger la cordée (d'une chute dans l'eau). On comprend de ce fait l'impossibilité de parcourir cette voie par temps houleux ! Une fois passé un léger cap, on se retrouve isolé de la ville de la Ciotat derrière nous, des randonneurs et plagistes venus se baigner. Sous les falaises, de nombreuses niches permettent de trouver une place au soleil, face au large, où pique-niquer tranquillement.

Après cette courte pause, l'escalade devient randonnée verticale : il faut parfois poser les mains, mais un sentier facile suit le pied des falaises jusqu'à l'anse de Gaméou. Le cheminement balisé par des points bleus remonte là sur la droite, franchissant un surplomb facile pour rejoindre un cirque au rocher un peu douteux, puis une courte arête dominant la baie. Encore un condensé d'alpinisme riche en sensations, face à la mer ! De là, on rejoint facilement le sommet du bec par de petits sentiers à travers les buis, puis un chemin nous ramène à La Ciotat.


Pour finir en beauté ces trois journées, direction le Bec de Sormiou. Avant Pâques, accès possible au parking au bout de la route, moyennant 5€ de stationnement. Au-delà de cette période, il vous faudra marcher une petite heure.

Le Bec de Sormiou regorge de voies, qui en font le tour, remontent l'arête, grimpent directement dans la face... Il est dur d'y faire son choix ! Ce sera finalement la voie "Le Couchant", ouverte en 1956. Toutes les voies de cette face Est du Bec de Sormiou s'atteignent depuis la plage en marchant 20mn sur sentier, puis en rejoignant le bord de la mer par quelques dalles et rochers. "Le couchant" suit une ligne de faiblesse naturelle dans la paroi, une suite de dièdres et fissures entrecoupée par deux toits. Ce sont les deux seuls passages patinés. Assez surprenamment vue l'âge de la voie, le reste est en rocher comme neuf ! En 5 longueurs, la voie est courte mais très agréable si vous êtes à l'aise dans le 5b/c. L'ambiance y est plutôt verticale, les quelques vires où sont positionnés les relais ne venant pas trop entrecouper la face et la sensation de hauteur. La vue sur la calanque et le petit village de Sormiou est magique.

Comme son nom l'indique, la voie est à réserver pour une fin d'après-midi pour s'offrir une sortie face au couché de soleil. Dernier pas athlétique de la voie, le franchissement du surplomb débouche sur la crête sommitale, l'horizon à l'ouest se dévoilant subitement sous nos yeux, uniquement entrecoupé par les silhouettes des îles Jarre, Calseraigne et Riou. Effet garanti !


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